Démocratie ou Barbarie

Les autres minorités sont aussi visées

© Johanna de Tessières/Collectif Huma

Les autres minorités sont aussi visées

A la base de la théorie raciste de l’État islamique, se trouve l’idée de pureté, qui serait incarnée par l’organisation djihadiste et polluée par d’autres humains qui ne pensent pas comme lui. Exclure l’autre qui ne pense pas et ne vit pas comme soi est l’un des plus vieux mécanismes du racisme, dont ont tant souffert les minorités comme les juifs, les Arméniens, les musulmans de Bosnie ou de Birmanie ou les Tutsis du Rwanda.

L’EI a établi des catégories mentales : les « bons » et les « mauvais »musulmans, les croyants et les incroyants. Dans cette échelle, les Yézidis se trouvent au plus bas.

Mais d’autres communautés ont aussi été visées. Lors de l’attaque dans la plaine de Ninive en août 2014, les djihadistes ont tout d’abord indiqué aux chrétiens, aux kurdes, aux chiites qu’ils les laisseraient en paix. Mais très vite, les habitants se sont rendu compte que Daech entendait créer dans leurs villes et villages un « califat » qui ne leur laisserait aucune liberté.

C’était devenu une colonie.

Aux chrétiens de Raqqa, dans un premier temps, les djihadistes ont imposé une taxe (les fortunés devaient payer jusqu'à l'équivalent de 13 grammes d'or pur), la discrétion dans leurs rituels ou l’interdiction de faire sonner les cloches. De fil en aiguille, les restrictions sont devenues de plus en plus dures au point qu’au final, c’était soit se convertir, soit partir, soit mourir.

Les nombreuses minorités qui existent depuis des millénaires dans la plaine de Ninive (chiites, kurdes, assyriens, turkmènes, kakaïs) ont aussi dû plier bagages. Et même les arabes, pourtant courtisés, en ont eu assez des exactions qu’ils devaient subir. Des jeunes écoutant de la musique ou fumant une cigarette ont été fouettés. Les commerçants étaient obligés de payer des taxes de plus en plus importantes. Les maris étaient harcelés par la police religieuse si leur femme n’était pas couverte de la tête au pied ou ne portaient pas de gants noirs. Au final, Daech, qui se présentait comme un libérateur, est devenu un occupant terrible et brutal.