Démocratie ou Barbarie

L'aide aux personnes

Plaque commémorative aux Justes, Bruxelles


Adresse : Mont des Arts

Date : 8 mai 2007

Contexte historique

Une loi votée en 1953 par la Knesset, le parlement israélien, prévoit notamment de commémorer « les Justes des nations qui ont risqué leur vie pour venir en aide à des Juifs ».  Cette aide revêt des formes multiples : cacher une personne ou une famille, fournir de faux papiers et de faux certificats, aider les Juifs à gagner un lieu sûr ou franchir une frontière, adopter un enfant pendant la durée de la guerre Le titre est accordé sur base de critères précis, en particulier : avoir apporté une aide dans des situations où les Juifs étaient menacés de mort ou de déportation ; être conscient que l’aide apportée pouvait mettre en cause la liberté, la sécurité et la vie de la personne ; n’avoir recherché aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l’aide apportée.

Actuellement, plus de 25000 personnes, dont 1690 en Belgique, ont reçu cette distinction.

Les « Justes des Nations » reçoivent de Yad Vashem (Institut commémoratif des victimes et héros de la Shoah) un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille qui reprend cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Leurs noms sont gravés sur le Mur d’honneur du jardin des Justes à Yad Vashem.

Description

Inaugurée le 8 mai 2007, par le Premier ministre, Guy Verhofstadt et le Ministre de la Défense, André Flahaut, la plaque reprend la phrase du Talmud et rend hommage « … aux Justes de Belgique et aux citoyens qui, au péril de leur vie, sont venus au secours des Juifs persécutés pendant l’occupation nazie ».

Pour en savoir plus

Extraits du discours de G. Verhofstadt prononcé lors de l’inauguration de la plaque.

Chers « Justes » de Belgique,

Chère famille,

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Aujourd'hui, est publié le rapport du CEGES sur les responsabilités d’ autorités belges dans l'Holocauste. Ce rapport indique que les autorités se sont montrées trop dociles. Pis, dans un certain nombre de cas, elles ont même collaboré à la déportation et à la persécution des Juifs en Belgique lors de l'occupation nazie.

Il s'agit là d'une page sombre de l'histoire de notre pays. Et nous ne voulons pas simplement tourner cette page. Je veux renouveler les excuses que j'ai présentées à Malines en 2002, à l'occasion du soixantième anniversaire de la déportation des Juifs de Belgique, excuses que j'ai répétées en 2005 à Yad Vashem, à Jérusalem, devant l'ensemble de la communauté internationale. En effet, c'est uniquement par la reconnaissance de la responsabilité des autorités de l'époque que nous pouvons construire un avenir où cela ne se produira plus jamais.

Il serait néanmoins injuste vis-à-vis d'un grand nombre de nos concitoyens de seulement mettre l'accent sur les erreurs et les faux pas. Vis-à-vis de ces Belges qui ont bel et bien pris la défense de leurs semblables juifs. Ces Belges qui ont caché des Juifs, qui les ont protégés. Ces citoyens et membres de la Résistance qui, seuls ou avec l’aide de leur famille, par le biais d'écoles, de couvents ou au sein de l'administration, la police, la gendarmerie ou la justice, ont apporté un soutien matériel et moral aux Juifs. Au péril de leur vie, en permanence. Confrontés au risque quotidien d'être découverts, arrêtés et fusillés par l'occupant nazi. Toutes ces personnes pour lesquelles la vie d’autrui était plus importante que le risque majeur qu'elles-mêmes encouraient. Ils ont sauvé la vie de tellement d'hommes, de femmes et d'enfants juifs.

Pour ce courage exceptionnel, 1442 Belges ont vu leur nom gravé comme « Justes » au mémorial de Yad Vashem. Sans compter les nombreux autres Belges courageux dont on ne connaît pas encore ou ne connaîtra peut-être jamais le nom.

Ce sont ces personnes, ces compatriotes, que nous voulons honorer aujourd'hui. Tous ces « Justes » sont, en effet, un exemple. Un exemple pour chacun. Ils personnifient un message, à savoir « qu’au nom de la tolérance, nous ne pouvons tolérer aucune intolérance ».

Voilà la raison de cette plaque commémorative. Ici, au centre de notre capitale. Ici, au Mont des Arts, dans les Jardins de l'Albertine. Cet emplacement n'est pas le fruit du hasard. Le Palais des Congrès est en pleine rénovation. Cet endroit verra passer, dans un avenir proche, des milliers de personnes. Des milliers de personnes qui s'arrêteront un moment. Et pour renforcer davantage la symbolique de ce lieu, j'introduirai une demande, de concert avec le Ministre de la Défense, auprès de la ville de Bruxelles, pour dénommer de cette allée l'Allée des Justes.

Cette plaque commémorative se trouve également sous l'Albertine, la mémoire de la Belgique. Et j'aimerais également appeler les trois Communautés à reprendre de manière plus approfondie encore, dans l'enseignement, la tragédie de la Shoah, la responsabilité de tant de personnes, mais aussi le courage de ces « Justes ».

En effet, nous devons transmettre et retransmettre clairement, à chaque génération et à chaque enfant, ce qu’est notre devoir moral. Ce que sont nos obligations vis-à-vis d’autrui. Ou, comme le dit le Talmud : « Quiconque sauve une vie, sauve l'Univers tout entier ».

[]

Source : http://archive.verhofstadt.belgium.be/fr/premier/speeches/2007/30263.html

Photographie

- Plaque commémorative