La citadelle - L’Enclos des Fusillés - Liège
Adresse : Parc de la Citadelle
4000 Liège
Accès fléché à l’angle de la rue des Glacis et du Boulevard du 12e de Ligne.
Contexte historique
Le site dominant la ville est fortifié dès le moyen-âge. La citadelle dont on aperçoit encore quelques éléments est construite sous la période hollandaise à partir de 1817. Déclassée en tant que fortification en 1891, elle est utilisée ensuite comme caserne par l’armée belge, notamment pour le 12e de Ligne en 1914. Pendant la guerre 14-18, les bâtiments abritent une caserne de l’armée allemande ainsi qu’un camp d’internement et un hôpital pour des soldats alliés.
Entre 1940 et 1944, les bâtiments sont à nouveau occupés par les Allemands qui transforment un bloc (le « bloc Merckem » appelé aussi « bloc 24 ») en prison pour y enfermer des résistants : certains attendent de passer en jugement ou purgent de courtes peines, d’autres sont transférés dans des camps de concentration ou exécutés. Les autres bâtiments sont utilisés comme caserne mais aussi comme centre d’entraînement des gardes wallonnes. A la libération en septembre 1944, des inciviques sont internés pendant quelques semaines dans les cellules.
Progressivement abandonnés par l’armée belge dans les années soixante, les bâtiments – y compris le « bloc 24 » - seront détruits en grande partie la décennie suivante pour faire place à au centre hospitalier actuel. Des éléments des anciennes fortifications seront conservés ainsi que L’Enclos des fusillés.
Description
Un monument commémoratif marque l’entrée actuelle aménagée après la Seconde Guerre : le dernier poteau d’exécution d’origine est enserré dans un bloc de pierre à la base duquel on trouve une sculpture de Jacques Ochs, représentant un fusillé gisant au pied d’un poteau d’exécution, une femme en pleurs et ses enfants avec l’inscription « N’oubliez pas mes enfants ».
Plus de 400 croix portant une inscription très sobre (un nom, une date, une mention « fusillé par les Allemands ») se dressent dans l’Enclos : résistants fusillés sur place (197) ou dans d’autres lieux, personnes décédées, abattues ou exécutées à Liège et dans la région. Parmi elles, une majorité de Belges mais aussi des étrangers, Français, Hollandais, Luxembourgeois et même dix Russes dont les tombes sont regroupées à l’entrée du site.
Au départ, les corps des fusillés sont rendus à leurs familles mais, par la suite, ils seront enterrés sur place. A la Libération, les corps seront exhumés pour identification et un certain nombre d’entre eux restitués aux familles et transférés dans d’autres lieux. Les croix commémoratives portant les noms des victimes dont les corps ont été déplacés sont regroupées en quatre rangées. Les tombes des personnes toujours enterrées sur place sont disposées de part et d’autre.
Cinq poteaux de bois signalent le lieu des exécutions. Sur un autel à proximité se trouvent gravés des vers du résistant et écrivain wallon Camille Fabry : « Justice, amour, honneur et droit / N’étaient que des mots sans flamme./ C’est grâce à vous que l’on y croit./ Vous leur avez donné votre âme. »
Une stèle représentant un partisan armé et portant l’inscription (bilingue) « Terre sacrée de l’enclos des Fusillés de la région gantoise / Gand-Rieme-Oostakker / Unis le 10-5-51 » est installée à proximité des poteaux d’exécution.
A l’arrière de l’Enclos, on accède à la place d’armes, aux vestiges de l’enceinte et au « couloir de la mort » emprunté par les condamnés pour sortir de la citadelle et se rendre sur le lieu d’exécution. A proximité, derrière un mur fermant le côté droit de la place d’armes, se trouvait une fosse commune où les Allemands avaient hâtivement enterré les derniers fusillés.
A l’intérieur de l’enceinte, du bloc 24 ne subsiste qu’un fragment de mur avec une porte, une fenêtre et une plaque commémorative portant l’inscription : « Ici des soldats sans uniforme détenus par l’occupant ont lutté et souffert pour leur idéal avant de partir vars la mort ou la déportation 1940-1944 ». Ces restes du bloc 24 ont été transférés devant la poterne du « couloir de la mort » donnant accès au bastion 2 où se déroulaient les exécutions. La première exécution à la Citadelle intervint le 21 mai 1941. Les sept premières personnes ont été fusillées dans le bastion 3 où une croix rappelle leur mémoire. Par la suite, les exécutions ont eu lieu sur le site de l’Enclos dans le bastion 2.
Pour en savoir plus
J. LOXHAY, Histoire de l’enceinte et de la citadelle sur la rive gauche de la Meuse à Liège, CLHAM,1999.
Citadelle de Liège. L’Enclos National des Fusillés, La Défense, s.d.
www.bel-memorial.be/cities/liege/liege/liege_enclos_des_fusilles.htm
http://www.fortiff.be/ifb/index.php?page=c54
Photographies
- Monument commémoratif à l’entrée de l’Enclos
- Bloc 24
- Plaque commémorative Bloc 24
Notice extraite et adaptée à partir de : M. HERODE, M.-P. LABRIQUE et P. PLUMET, Paroles de pierres. Traces d’histoire, Bruxelles, Racine-Démocratie ou barbarie, 2009, pp. 59-61.